Six fois plus d'éoliennes en Brabant wallon d'ici 2030.
Pour ou contre ? Faisable ? Rentable ? Les partis donnent leur avis.
Mar. 13 Mai 2014, Page 26 - Caroline Fixelles
Pas facile de faire pousser des éoliennes en Brabant wallon ! En
témoigne le récent bras de fer entre les Chastrois et le promoteur
Aspiravi. Malgré une pétition de plus de 1300 signatures et près de 400
lettres d'opposition, le ministre régional de l'Aménagement du
territoire, Philippe Henry (Écolo), vient d'accorder un quatrième permis
pour six éoliennes sur le plateau de Chastre, après trois annulations
par le Conseil d'État. De grands moulins que les riverains rejettent
pour les nuisances sonores et le choix inadapté du lieu notamment.
D'autres projets font également l'objet de nombreux recours en Brabant wallon.
« À Walhain, la commune et le promoteur Alternative Green se battent devant le Conseil d'État à
propos d'un projet de sept éoliennes, lancé il y a sept ans déjà », explique Jean-François Mitsch, expert des énergies renouvelables.
Les Brabançons wallons seraient-ils anti-éoliens ?
« Non pas forcément. C'est que la mobilisation dans le Brabant wallon est nettement supérieure par rapport à d'autres provinces, justifie Jean-François Mitsch.
Et cela en raison du profil sociologique de la population. »
Ainsi, des comités de riverains et des associations fleurissent en
Brabant wallon et se mobilisent pour faire entendre leurs revendications
et surtout attirer l'attention sur la préservation de leur cadre de
vie.
150 éoliennes en 2030
L'éolien sera
donc l'un des grands débats de ces élections car il est un enjeu
important pour notre province. Aujourd'hui, Perwez et Villers-la-Ville
sont les deux seules communes brabançonnes à abriter une vingtaine
d'éoliennes.
« Nous avons 10 % de ce qui est installé en Wallonie. Ce n'est pas mal vu notre territoire densément peuplé » , ajoute par ailleurs le spécialiste de la question éolienne.
Mais
d'ici 2020, le Brabant wallon devrait comptabiliser une septantaine de
mâts et 150 en 2030. Telle est l'orientation actuelle souhaitée par le
gouvernement wallon qui désire rencontrer ses objectifs européens et
atteindre 20 % d'énergies renouvelables en 2020.
Mais où placer
ces nouvelles éoliennes ? En 2013, la majorité des communes brabançonnes
avaient dit « non » à la carte dressée par le gouvernement déterminant
les zones favorables et rentables pour l'implantation d'éoliennes sur
notre territoire. Orp-Jauche avait notamment invoqué la beauté de ses paysages, Perwez estimait avoir déjà rempli sa part du boulot. Autre
raison de cette levée de bouclier à l'époque, selon Jean-François
Mitsch : la proposition de dotation annuelle de 12 500 euros versée aux
communes, par éolienne dressée.
« 12 500 euros ? C'est inadmissible
comparé aux problèmes avec les riverains qu'une éolienne peut susciter
et au chiffre d'affaires d'une machine qui est de 500 000 euros. C'est
du vol ! »
Le nouveau Cadre éolien, adopté en 2013, veut
prioriser l'installation d'éoliennes le long des grands axes routiers,
tels que la E411 ou la N25. Jean-François Mitsch pointe également du
doigt une zone à fort potentiel :
« Le plateau de Hesbaye, qui traverse la province, est idéal. Les plaines sont dégagées et profitent d'un bon couloir de vent. »
Que des promoteurs étrangers
Grosse ombre au tableau cependant : la présence de promoteurs étrangers pour nos moulins brabançons.
«
Aujourd'hui, en Brabant wallon, le promoteur n° 1, Air Energy, racheté
par Eneco, est une intercommunale dont l'actionnaire principal est
Amsterdam. Le n° 2, Aspiravi, est une intercommunale flamande et le n°
3, Electrabel, filiale de GDF Suez, appartient à l'État français », selon l'expert qui estime qu'il faut organiser un potentiel éolien public avec des partenaires privés, à mettre en concurrence.
D'après
Jean-François Mitsch, l'éolien est indispensable à une politique
énergétique car elle est la technologie renouvelable la moins coûteuse.
« Mais le pouvoir public doit avoir la main sur l'aspect financier et la planification. »
Demain, l'éolien couvrira 20 à 30 % de nos problèmes d'énergie. Il ne faut donc pas perdre de vue les autres filières :
«
70 % du parc immobilier belge doit être isolé ! Malheureusement
aujourd'hui, on soutient davantage la production d'énergie que sa
préservation. »