L’éolien, oui, mais comment ? Bruno Boutsen Mis en ligne le 11/01/2010 lalibre.be
Les éoliennes ont le vent en poupe en province de Liège comme ailleurs. Il y a encore un potentiel important et l’éolien dit citoyen fait son chemin.
Villers-le-Bouillet, Saint-Vith, Waimes, Oreye, Tinlot, Geer, Hannut Autant de lieux d’implantation - actuelle ou future - de parcs éoliens sur l’ensemble de la province de Liège. Un développement éolien qui est exponentiel depuis que les premières éoliennes ont poussé à la fin des années 90 sur le territoire des communes de Perwez et de Saint-Vith. Depuis lors, l’éolien s’est progressivement imposé comme source d’énergie dite alternative ou renouvelable et fait aujourd’hui partie du paysage quotidien. Pourtant, le développement jugé anarchique ou déraisonné par certains de parcs éoliens provoque des sentiments, qu’ils soient issus des citoyens ou des politiques, pour le moins mitigés (voir notamment ci-dessous concernant Sprimont).
Du côté de la Région, où deux nouveaux ministres Ecolo sont en charge de cette question, on s’inscrit dans la lignée du précédent exécutif et on rejette toute idée de moratoire un temps réclamé par l’opposition. Mieux : pour Annabelle Jacquet, responsable de la cellule "Énergie" du cabinet Nollet, "il n’y a non seulement pas trop d’éoliennes mais plutôt pas encore assez". Cette idée qu’il y a encore un potentiel important de développement éolien en Wallonie et donc aussi en province de Liège, on la retrouve sans surprise du côté du cabinet Henry, en charge de l’Aménagement du territoire. Et Coralie Vial, chef de cabinet adjoint, de mettre en évidence l’existence d’un certain nombre de "critères" (parmi lesquels le potentiel vent, le raccordement au réseau existant ainsi que diverses contraintes en matière de cadre de vie), tout en précisant qu’il est nécessaire de réviser le cadre de référence élaboré en 2002, un document que les deux ministres concernés viennent de s’engager à "actualiser".
En effet, le contexte a bel et bien changé et il est plus que temps de mettre en place une véritable stratégie régionale d’implantation des éoliennes. Ce qui, selon Jean-François Mitsch, cofondateur de la coopérative citoyenne Émissions Zéro et défenseur d’une réappropriation de l’énergie par les citoyens, n’est pas le cas aujourd’hui où "la Wallonie est dans une situation de dépendance énergétique". Pour ce dernier, contrairement à ce qu’on affirme au niveau régional, "ce qui guide actuellement l’implantation d’éoliennes, c’est uniquement l’accès au sol". Il met également en évidence le fait que les communes concernées sont selon lui mal outillées face à cette problématique.
En province de Liège, plusieurs d’entre elles ont en effet à faire avec divers projets éoliens - dont un, imposant et intercommunal, le long de l’autoroute E40 - et, en la matière, certaines sont plus proactives que d’autres. Ainsi, à Villers-le-Bouillet, on a inauguré l’an dernier une éolienne dite citoyenne, c’est-à-dire financée et gérée par des habitants. Certes, avec cette éolienne citoyenne, la commune est loin de l’autosuffisance énergétique mais l’idée fait son chemin et percole ailleurs. Ainsi, du côté de Berloz/Geer et de Tinlot/Modave, on en a discuté et cette idée de partenariat public-privé avec une dimension citoyenne séduit ou inquiète c’est selon. Pour Jean-François Mitsch, il n’y a pas de doute, c’est vers cela qu’il faut aller à terme car "pour l’instant, ce sont les industriels qui s’en mettent plein les poches". Et ce dernier de prédire le développement, à terme, d’intercommunales dans le secteur éolien, comme cela existe déjà pour l’eau, le gaz ou encore les déchets.
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